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  • Au sud, elle occupe une bonne partie des pays du Sahel (Mauritanie, Niger et Mali). La population de cette région, les berbères, se nomme "amazigh" qui signifie "hommes libres. Evalué à plus de 30 millions d'âmes elle occupe les régions montagneuses (Maroc, Algérie, Libye) et désertiques (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, mali, Niger, Mauritanie).
    Si la majorité de la population marocaine utilise des parlers berbères (le rifain au nord, le berraber et le chleuh dans les atlas), ses sœurs tunisiennes représentent moins de 2% et sont cantonnées dans la région de matmata (sud) et dans l'île de Djerba (berbères musulman de rite kharidjite).

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  • AID EL KEBIR OU TABASKI AU SENEGAL Le sens d’une fête…Aïd El Kebir communément appelé Tabsaki au Sénégal est une fête de sacrifice. Et à quelques de cette grande fête de Tabaski, l’heure est aux préparitifs dans le milieu de la communauté musulmane du Sénégal car considérée comme symbole de grandes réjouissances. Cette fête, antérieure à l’avènement de l’Islam, demeure l’une des plus grandes preuves de soumission au Dieu.

    Aux origines de l’Aïd El Kébir


    A l’origine, l’Aïd El Kébir trouve son sens dans l’acte de celui qu’on considère le père des Prophètes nommé Ibrahima pour les uns et Abraham pour les autres. Et cela pour les trois religions monothéistes. Selon des religieux, Abraham, qui à travers ses rêves voit Dieu lui intimer l’ordre d’immoler son fils Ismaël qu’il chérissait par dessus tout en sacrifice. Selon l’islamologue El hadj Maodo FAYE et par ailleurs journaliste à la Radio Sud Fm, « dans le passé quand un Prophète voit quelque chose à travers ses rêves, c’est un (wahyou) c’est a dire des paroles divines. Subitement Abraham bien que fortement proche de son fils a voulu passer à l’acte, mais démocratiquement il a demandé l’avis de son fils Ismaël qui docilement a accepté en lui disant qu’il s’en remet à ses propos et à la volonté divine ». Ce geste qui est une profession de foi unique en son genre n’a pas été facile à exécuter puisque toujours selon M. FAYE « Satan, l’eternel ennemi de l’homme sur terre était à ses cotés pour tenter de l’en dissuader vu comment les relations entre père et fils sont aussi étroites et empreintes d’amour ». face à 
    te réaction du Satan, notre interlocuteur souligne que le Prophète Abraham lui aurait jeté sept pierres pour le faire fuir. D’ailleurs c’est ce qui est à l’origine des pierres qu’on lance durant le pèlerinage de la Mecque, acte communément appelé Jamra. Et c’est quand Abraham a mis le couteau sur la gorge de son fils pour accomplir la volonté divine, l’Ange Gabriel envoyé par Dieu, selon la tradition musulmane a envoyé l’ange Gabriel, qui a automatiquement échangé Ismaël contre un grand bélier pour ainsi permettre à Abraham de finir son geste. Ce sacrifice est l’exemple typique de la soumission totale à Dieu et fait de ce prophète le premier soumis au monothéisme pur.

    L’Aïd dans l’Islam

    La Fête d’Aïd El Kébir a été adopté par le prophète Mouhamed (Psl) bien après avoir été déclaré prophète. L’islamologue nous indique à cet effet que le prophète de l’Islam Mouhamed Psl a comme guide le prophète Abraham et qu’une sourate dédiée à Abraham existe dans le coran, mais il n’en demeure pas moins qu’il a attendu qu’on lui ait donné l’ordre de célébrer ce jour comme fête pour tous les musulmans pour le faire et le premier jour ou il a fêté l’Aïd a coïncidé avec le décès de son fils Ibrahim qu’il aimait tant et aussi l’avènement de la sourate (Al Kawsara) pour lui dire les bienfaits que Dieu entend lui accorder. En ce moment il était avec sa première épouse Khadija, polygame de surcroît et ceci pendant toute la durée de son union avec elle.

    Le principe de la L’Aïd El Kébir.

    Il n’y a pas d’obligation à l’accomplissement du sacrifice d’Abraham pour celui qui n’en a pas les moyens. Mais il n’en reste pas moins qu’il existe un listing pour permettre à tout le monde d’accomplir ce rite sacré aux yeux de la Ummah islamique en général et plus particulièrement de la communauté musulmane du Sénégal. Un rite qui tombe le plus souvent avec la fin du Haj ou pèlerinage à la Mecque qui ne signifie nullement le fait de faire la Ziara au sceau du prophète Mouhamed Psl. Une idée bien répandue chez nous pour faire les adieux avant de partir à la Mecque. Maodo Faye et journaliste islamologue nous explique cela en ces termes : « le prophète Mohamed (Psl) a accompli le pèlerinage qui est le cinquième pilier de islam ». Notre interlocuteur nous donne en détail cette liste. « Avant tout, il est souhaitable de sacrifier un grand bélier blanc avec des cornes de préférence. Puis la femelle à défaut d’avoir un mouton. Et si la femelle du mouton ne s’impose pas alors, on doit se rabbatre sur un bouc. Et à défaut de ce dernier une chèvre, ensuite un bœuf après une vache, et après un chameau ou un chamelle et ainsi de suite…

    La fête de l’Aïd El Kébir se fête en un seul jour mais le bon Dieu nous a ouvert des « fenêtres pour permettre aux démunis ou absents de leur terroir de fêter le lendemain ou le surlendemain selon la tradition musulmane. Pour réussir son Aïd, il faudra attendre que l’imam ait d’abord immolé son bélier pour faire tuer le sien. Mais il ne faut jamais de la viande du mouton puisque l’idéal serait de donné une partie en aumône. Le partage des victuailles et autres mets est un acte fort recommandé en ce jour Saint. Longtemps demeuré chasse gardé des hommes, l’islamologue nous informe « qu’une femme peut elle même accomplir le sacrifice en tuant son mouton. Il suffit juste qu’elle suive à la lettre les préceptes de l’Islam indiqués en cette occasion ».

    La fête en ces temps de crise

    La concurrence qui est une chose malsaine est fortement ancrée dans nos mœurs. En ces temps où les bourses des crève - faim sont très faibles, Maodo Faye, selon les enseignements de l’islam, nous recommande la solidarité entre musulmans surtout en ce jour ou tout acte doit être le plus significatif. « Beaucoup se réclament musulmans mais ne manifestent pas une certaine solidarité en vers leurs semblables. Il cite le cas du Prophète Mouhamed (Psl) et celui d roi Hassan II du Maroc qui ont, à des moments forts distincts de l’histoire, eu à adopter un geste semblable, c’est à dire immoler un bélier dans l’intention d’accomplir le sacrifice d’Abraham pour toute le monde musulman et le peuple marocain. Avec cette crise, Maodo Faye, pour terminer explique « qu’une seule personne peut dans une maison accomplir le sacrifice pour tout le monde et qu’avec la crise actuelle un seul mouton aurait suffit à chaque maison dans la mesure où Dieu n’aime pas le gaspillage dans toutes ces formes ». ...
    Source:Xalima.com
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  • Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 6/6
    Certaines scènes de rapprochement sentimental entre couple préfigurent une tradition socioculturelle propre au monde touareg, celle de l'ahal, une soirée de divertissement qui se tenait au campement et rassemblait les adolescents. Ces jeunes gens y faisaient de la poésie, de l'esprit, de la musique et se choisissaient. Comme chez les Protoberbères, la société était mixte et la femme omniprésente. La femme touarègue héritera d'une grande partie de droits de ces prestigieuses ancêtres, droits qu'ils lui sont progressivement ôtés par d'autres législations. Les Paléoberbères élevaient des bœufs, des ânes, des chèvres et des moutons ; ils chassaient une faune relictuelle de girafes, rhinocéros, éléphant, une faune qui montre que le désert n'a pas encore complètement eu raison du Sahara, mais qu'il gagne à grands pas. Sur les parois leurs artistes ont presque exclusivement représenté la classe dominante de leurs sociétés, des sociétés qu'on devine bien hiérarchisées, avec maîtres et sujets, et peut-être déjà des esclaves noirs, bien que les Mélanodermes de la Préhistoire, ces " Ethiopiens " de l'Antiquité et " Harratines " d'hier, soient de moins en moins représentés dans l'art paléoberbère. Comme les Protoberbères, les souverains paléoberbères se faisaient enterrer dans de grandes sépultures associées à des sanctuaires datés du IVe millénaire BP. Les vestiges que les fouilles y ont révélés montrent qu'ils étaient très proches des Touaregs actuels. Ces recherches ont montré que le tumulus à cratère peut être mis en relation avec des traditions augurant de la culture touarègue : au Sahara nigérien, la fouille de l'un d'eux a mis au jour une femme d'une cinquantaine d'années dont les vêtements et leur décor, ainsi que les motifs des bijoux, étaient de culture touarègue. Cette sépulture est datée entre le VIIIe et Xe siècle ; elle remonte donc au début de l'islamisation, mais ni cette femme ni sa tombe n'étaient musulmanes. Dans un autre type de sépulture, la bazina, on a découvert des poteries décorées, la réplique exacte des récipients en bois des Touaregs. Comme leurs ancêtres protoberbères, les Paléoberbères pratiquaient le culte des astres, essentiellement celui du soleil et de la lune, et s'adonnaient à quelques pratiques de divination. Ces croyances sont révélées par l'orientation systématique vers l'Est de leurs monuments funéraires mais aussi par les témoignages historiques. Hérodote nous apprend que tous les Libyens sacrifiaient à la lune et au soleil et à nul autre dieu (à l'exception d'un groupe qui révérait aussi la déesse Athéna).

    Ibn Khaldoun, au XVe siècle, témoigne des mêmes croyances quand il écrit que l'Islam trouva en Afrique du Nord des tribus berbères qui confessaient la religion juive, d'autres qui étaient chrétiennes et d'autres encore païennes, adorant la lune, le soleil et les idoles. Le recours à l'incubation, c'est-à-dire à la divination par les songes sur les tombes des ancêtres morts, se pratiquait il n'y a pas longtemps encore chez les Touaregs. Nous y avons nous-mêmes eu recours avec l'aide d'une amie targuia. Les serments se faisaient aussi sur la tombe des ancêtres. L'existence de bétyles et d'images rupestres représentant de grands personnages, inhabituels dans cet art, tendent à indiquer un culte des ancêtres et de leurs mânes, ancêtres qui seraient devenus des héros mythiques. On a d'ailleurs conservé chez les Touaregs le souvenir de plusieurs saints antérieurs à l'Islam. Les rois des Libyens orientaux portaient des tatouages représentant le symbole de la déesse Nit ou Neith. Le dieu Ash était considéré par les Egyptiens comme " le Seigneur des Libyens ". On sait aussi que les Grecs ont emprunté des Dieux aux Libyens, notamment ceux qu'ils appelleront Poséidon et Athéna. Quant au dieu Ammon, que l'on vénérait dans l'oasis de Siwa (Egypte), et qui rendait des oracles, il était célèbre dans toute la Méditerranée. Pour se donner une ascendance divine, Alexandre le Grand n'hésita pas à traverser le Désert Libyque pour aller le consulter.

    Enfin, on sait que si plusieurs groupes berbères ont adopté le judaïsme puis le christianisme, leur toute première conversion à la religion musulmane fut celle d'un kharidjisme irrédentiste, répondant à la conquête arabe. Sur le plan climatique, le Sahara est entré dans une phase de sécheresse qui dure jusqu'à nos jours. Mais la paléoclimatologie a établi qu'une pulsation humide est intervenue au cours du 1er millénaire avant J.-C. ; elle a certainement contribué à l'énorme progrès civilisationnel que les Paléoberbères sahariens ont alors accompli. Mais, une fois cette rémission achevée, l'aridité reprendra ses droits et aux alentours de l'ère chrétienne, elle fait basculer le Maghreb vers la Méditerranée, le séparant de l'Afrique noire. Alors, seul le dromadaire et la datte ont épargné au Sahara de se transformer en un désert total, un désert d'eau et d'hommes. La vie se réfugiera dans les oasis qui deviennent des pôles de sédentarité, mais aussi de pouvoir. Quand le dromadaire se répand au Sahara, il s'intègre sans bouleversement dans ce monde paléoberbère qui demeure, à quelques nouveautés près, le même dans sa culture et son atmosphère. Même si on ignore son origine exacte, le dromadaire fait très tôt partie du paysage nord-africain. Les témoignages écrits sont très peu nombreux au Ier siècle de notre ère, mais l'animal est de plus en plus mentionné aux IIIe, IVe et Ve siècles, pour devenir omniprésent au VIe. Au IIIe et IVe millénaire de notre ère, de puissantes tribus berbères en font un usage domestique, mais aussi guerrier et militaire. Au VIe siècle, Corripe et Procope relatent de véritables batailles entre ces tribus et les armées byzantine et vandale. Ces tribus chamelières sont en majorité signalées par les auteurs latins dans les régions orientales de l'Afrique romaine puis byzantine, à l'ouest du Nil, depuis la Cyrénaïque jusqu'à la Tripolitaine. Pour certains, l'origine du dromadaire ne peut être qu'orientale et les invasions assyriennes de l'Egypte, aux VIIIe et VIIe siècles avant J.-C., en seraient le premier relais vers l'Est et le Maghreb.

    Le roi Assarhadon traverse le désert de Sinaï grâce aux chameaux prêtés par ses alliées arabes qui servent à transporter eau, vivres et autre matériel. Puis le dromadaire est mentionné en 525 avant J.-C., lorsque Cambyse atteint la Cyrénaïque. En 324 avant J.-C., pour se rendre à Siwa, Alexandre le Grand fait transporter ses outres d'eau par des chameaux. Dans la partie orientale de l'Afrique du Nord, les invasions des uns et des autres ont fait usage du dromadaire, et ce jusqu'en plein pays libyen. Une autre hypothèse fait venir le dromadaire directement de l'Ethiopie, laquelle l'aurait reçu de l'Arabie par le détroit de Bab el-Mandeb.Les Paléoberbères de la fin de l'Antiquité qui adoptent le dromadaire évoluent dans un désert avec un environnement animalier très pauvre. La faune sauvage se réduit aux lions, à la gazelle, mouflon, antilopes, quelques girafes, félins et chacals. On se demande ce que serait devenu le Sahara sans le dromadaire. Non seulement, cet animal permit aux hommes de s'y maintenir, mais il renforça leur rôle économique, permettant par l'intermédiaire de la caravane de transporter toutes sortes de marchandises du Soudan vers la Méditerranée, et par là de mettre les sahariens en contact avec d'autres hommes, d'autres cultures. C'est grâce au dromadaire que les explorateurs iront plus loin vers le Soudan, et sans les compagnies méharistes, les militaires français auraient mis deux fois plus de temps à faire la conquête de ce désert impitoyable.

    L'art rupestre camelin est quasi identique au monde touareg actuel. On y voit des méharistes chevauchant sans selle, armés du javelot et du bouclier rond, du poignard-pendant de bras, de l'épée droite à pommeau et double tranchant, de la cravache de chameau en cuir souple ; ce dernier objet apparaît comme un signe de noblesse et de pouvoir que l'on pourrait mettre en relation avec la qualité de méhariste, sachant que, comme pour le cheval, seuls les nobles et les puissants avaient les moyens d'acquérir ces précieux animaux. Ces méharistes se représentent la plupart du temps dans des scènes de chasse et surtout de bataille où des caravanes sont interceptées et font l'objet d'une véritable razzia. Souvent, face aux parois rupestres, nous nous sommes demandé s'il était possible de détecter à quel moment les chameliers Sanhadja-Huwwâra, l'étape la plus récente du peuplement berbère au Sahara, celle dont les Touaregs sont les plus directement issus, fait son apparition. Comment les populations qui ont précédé l'arrivée des tribus Huwwaâra, venant du nord dans leur fuite des conquêtes musulmanes, ont-elles accueilli ces nouveaux venus ? Certes, elles parlaient la même langue qu'eux et possédaient la même culture, mais c'étaient aussi des étrangers avec lesquels il fallait partager des territoires et des pâturages déjà bien maigres. Protoméditerranéens de la Préhistoire, Libyens et Garamantes de l'Antiquité, Berbères du Moyen Age, enfin, Imazighen actuels : telle est l'extraordinaire permanence de l'histoire du peuple berbère. Parmi eux, les Touaregs sont certainement ceux qui illustrent le mieux cette exceptionnelle longévité puisqu'on peut établir, sans doute aucun, des liens directs avec un peuplement préhistorique remontant au VIIe millénaire dont ils ont conservé de très nombreux traits socioculturels comme nous espérons l'avoir démontré dans nos ouvrages. Peu de peuples sur cette terre peuvent se prévaloir d'une ancienneté aussi importante. L'historiographie continue d'appréhender les sociétés en termes de manque ou de retard et ceci dans tous les domaines : qu'il s'agisse d'économie, de culture, d'administration, ou le l'insertion des hommes dans une histoire non pas passive mais transformatrice.

    Le Proche orient, l'Occident antique et moderne restent les références à partir desquelles sont déterminés les écarts. L'Egypte, la Grèce ou Rome sont désignées comme les seules cultures, les seules lumières du monde, les autres régions ne reflétant que de façon affaiblie les lueurs qu'elles en reçoivent. Hélas, il semble que l'histoire ancienne des Berbères, que la Protohistoire de l'Afrique du Nord aient été écrites sur ce seul critère discriminant. Sans compter le fait qu'elles furent souvent tributaires de modèles souvent induits de l'Europe. Il est nécessaire aujourd'hui de faire une appréciation civilisationnelle objective des Paléoberbères sahariens, parents pauvres de la Méditerranée antique, victimes d'un dialogue nord-sud de l'écriture de l'histoire, de les considérer pour eux-mêmes et non pas systématiquement par rapport à des pouvoirs dominants et des civilisations plus brillantes. Certaines conceptions ainsi qu'une terminologie anciennes, et, surtout orientées, ne peuvent plus avoir cours, car elles sous-tendent une approche subjective de l'histoire des peuples des rives sud de la Méditerranée trop souvent sous-évaluée par rapport à celle des rives nord. La diffusion civilisationnelle et civilisatrice systématiquement orientée du nord vers le sud, cette écriture victime d'un dialogue nord-sud historique et européo-centrique ne peuvent plus être admises. Le changement ne peut que s'inscrire dans une terminologie nouvelle, plus précise et plus juste, dans une réécriture exprimant les connaissances à travers des critères et des conceptions objectifs.

    par Malika Hachid, Préhistorienne
    Source: afriquedu nord.com

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  • Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 5/6
    Les Libyens sahariens portaient, attachés en bandoulière, des poignards similaires aux dagues métalliques de leurs cousins, les Libyens orientaux. Ce port est identique à celui qui avait cours chez les peuples de la Méditerranée orientale : c'est ainsi que les fantassins grecs de l'armée de Pharaon ou les guerriers Poulastii, un groupe des Peuples de la Mer portaient la grande épée, dite " mycénienne ". Parfois, les Libyens sahariens ont de véritables casques évoquant aussi le casque mycénien. Ces éléments montrent que les Libyens au centre du Sahara ne vivaient pas isolés et qu'ils avaient connaissance des peuples et des cultures de la Méditerranée orientale. Les Libyens sahariens n'ont ni l'allure de chasseurs ni celles de pasteurs, mais celle de personnages princiers. Ils sont d'une élégance et d'un raffinement de cour royale. Les listes de butins soigneusement consignées par les scribes égyptiens laissent deviner un luxe et un train de vie surprenants. Ce n'était pas de frustres nomades : hommes et femmes appréciaient les belles toilettes, buvaient et mangeaient dans de la vaisselle de bronze. La femme libyenne a une position sociale et politique semblable à celle de l'homme. Elle porte le baudrier croisé et fixe des plumes dans ses cheveux ; elle tient le bâton de commandement à la main et peut être armée d'un javelot et d'un bouclier. Les auteurs grecs et latins ont écrit qu'elle dirigeait des chevaux et des chars et qu'elle combattait aux côtés des hommes : c'est ce que confirment les peintures rupestres. Son rôle guerrier n'est donc plus à démontrer. Si on devait s'en tenir à nos traditions, le statut de nos ancêtres femmes rend injuste celui qui nous est aujourd'hui imposé.Le statut guerrier de ces personnages est également mis en valeur par l'apparition du cheval et du char. En effet, les Paléoberbères vont faire une acquisition de taille : celle du char et du cheval, deux éléments qui vont devenir l'instrument idéal de leur suprématie. Les Paléoberbères étaient les plus redoutables cavaliers et conducteurs de chars que l'Antiquité ait connus. Ils montaient à cru, une monte unique en Méditerranée qui faisait l'étonnement de tous les auteurs gréco-latins qui n'ont pas manqué de souligner leurs talents équestres. Ils étaient sollicités sur les champs de bataille de la Méditerranée où, souvent, c'est grâce à leur adresse et leur bravoure que des victoires étaient remportées par les Carthaginois, les Perses ou les Romains.

    Le char était un véhicule pour la chasse, la course, et surtout la guerre ; il était aussi un objet de parade et de prestige, prérogative des chefs, des guerriers et des dignitaires. Le système d'attelage du char à une barre de traction, placée sous le cou du, ou, des chevaux a été inventé par les Libyens sahariens. Ce n'était pas un mode de traction mais un procédé de dressage. On considère que les Paléoberbères ont mis au point le plus vieux " manuel de dressage et de menage " (J.Spruytte). Hérodote écrit que ce sont les Libyens qui ont appris aux Grecs à atteler à quatre chevaux. Ils ont également inventé une roue inconnue de l'Antiquité, une roue qui pouvait se monter et se démonter sans aucun outillage ; le nombre élevé de rais, huit par exemple, avait un effet ralentisseur sur un côté du char, ceci dans le dessein de contenir un cheval trop rapide lors du dressage.

    En inventant l'attelage par barre de traction et une roue d'une minutieuse industrie, les Paléoberbères du Sahara ont non seulement démontré leurs capacités technologiques, mais ils ont aussi apporté leur contribution à l'évolution technologique de la civilisation méditerranéenne en mettant au point " une méthode de dressage absolument originale et jusqu'ici insoupçonnée " (J.Spruytte). Associée à l'usage de timons multiples, cette méthode permettait de dresser des chevaux à l'attelage en huit jours comme l'a montré l'expérimentation archéologique réalisée par l'équipe de Jean Spruytte, spécialiste du cheval dont les travaux sur la tradition équestre nord-africaine ont précieusement éclairé les archéologues. Les Libyens orientaux et sahariens, loin de vivre en marge des grands évènements historiques de l'Antiquité ont incontestablement participé au grand mouvement de la charrerie méditerranéenne. Si, dès le milieu du IIIe millénaire avant J.-C., les Libyens sahariens possédaient des poignards et des dagues importés de la façade méditerranéenne (auprès des Egyptiens, des Mycéniens ou des Asiatiques), leurs successeurs, les personnages garamantiques fabriqueront eux-mêmes leurs armes métalliques à partir de minerais et d'un savoir métallurgiste locaux. La métallurgie du cuivre (et dès lors du bronze) au Sahara méridional remonte au IXe siècle (Niger) et VIIIe siècle (Mauritanie) avant J.-C. Puis, les Paléoberbères du Sahara inventent la métallurgie du fer en même temps que l'Egypte ou la Mésopotamie, il y a environ 3000 ans (massif du Termit, Niger). Il a donc existé au Sahara un véritable foyer autochtone africain d'invention métallurgique. Un habitat paléoberbère, le site d'Iwelen (Aïr, Niger), a livré des pointes de lance en cuivre. Il a été daté entre 830 plus ou moins 40 BC et 195 plus ou moins 50 BC en âge 14C calibré. Les précieuses datations du site d'Iwelen permettent d'établir une chronologie de la période paléoberbère. Les pointes métalliques d'Iwelen sont identiques à celles qui ont été gravées sur des rochers du même site et qui sont associées à des gravures de chars schématiques. Sachant que les chars peints au galop volant remontent à environ 1500 avant J.-C. et que ceux du site d'Iwelen sont des chars schématiques qui leur sont postérieurs, sachant que ces derniers sont associés à un habitat daté du 1er millénaire avant J.-C., c'est donc après 1 500 avant et avant 1 000 avant que les Paléoberbères sahariens ont découvert les métaux ; c'est alors que les Libyens sahariens deviennent dans l'art rupestre les personnages garamantiques bitrangulaires brandissant des javelots à armature métallique (M.Hachid). On sait que les Touaregs sont le seul groupe berbère à avoir conservé l'usage de l'écriture. Leurs ancêtres, les Paléoberbères nous ont légué des milliers d'inscriptions sur les rochers du Sahara, des inscriptions de l'écriture libyque qui donnera le tifinagh (pluriel de " tafinek ") allant de l'Antiquité jusqu'aux temps présents.

    Le libyque appartient à la grande famille de langue dite " afro-asiatique ou afrasienne " (anciennement chamito-sémitique) à laquelle se rattachent des langues comme l'égyptien ancien ou le sémitique. Il recouvrait différents alphabets ayant des caractéristiques communes, mais dont l'expansion dans l'espace et le temps, a abouti à la diversification d'une partie des signes et de leur valeur. Les alphabets en usage dans les régions sahariennes, territoires des Gétules et des Garamantes, sont malheureusement les plus mal connus et les plus mal situés dans la chronologie. On savait néanmoins, par l'inscription gravée d'Azzib n'Ikkis (Yagour, Haut Atlas, Maroc) que cette écriture datait au moins des VIIe-Ve siècles avant notre ère et par le mausolée funéraire dit de " Tin Hinan " (Ahaggar, Algérie) que les tifinagh récents peuvent remonter au Ve siècle de notre ère. C'est chez les Paléoberbères sahariens que l'on trouve les plus anciennes inscriptions libyques (M.Hachid) ; elles apparaissent plus précisément dans la seconde séquence de l'art paléoberbère saharien, celle des personnages garamantiques, dans un contexte caballin. Comme les Garamantes bitriangulaires, elles sont donc apparues après 1500 ans avant J.-C. et avant 1000 ans avant J.-C., c'est-à-dire dans la seconde moitié du second millénaire avant J.-C. L'alphabet phénicien a vu le jour entre 1300 et 1200 avant J.- C. : c'est exactement la période à laquelle le libyque apparaît sur les rocher du Sahara ; par conséquent, la contemporanéité de ces deux écritures ne permet pas d'envisager que le libyque soit issu du phénicien et encore moins du punique. Toutefois, des échanges ne sont pas impossibles. D'autres éléments d'ordre archéologiques et historiques montrent que l'écriture libyque pourrait avoir une origine autochtone et une genèse locale. C'est ce qu'indique le fait que les plus anciennes inscriptions se localisent au Sahara central, bien loin des domaines phénicien et carthaginois et des zones d'influence punique. Un autre indice est celui de l'art géométrique berbère sur lequel nous allons revenir plus amplement. Les tifinagh anciens apparaissent avant l'arrivée du dromadaire au Sahara, mais on ne sait pas avec exactitude quand cet animal a atteint le désert. Toutefois, le dromadaire est tout à fait repérable, par les témoignages historiques, dans le dernier siècle avant notre ère avant d'abonder dans la partie orientale de l'Afrique romaine dès les premiers siècles de notre ère. Les tifinagh anciens ne peuvent donc qu'être apparus au cours du dernier millénaire avant J.-C., avant le dernier siècle (au moins).

    Ainsi, les tifinagh anciens ont au moins six siècles d'âge et les écritures libyques ont pu durer plus de 1 000 ans. Nous avons déjà évoqué l'apparition de signes géométriques d'une grande diversité qui a pu donner naissance à une graphie locale. Les plus anciennes manifestations de ces motifs apparaissent avec les Capsiens du Maghreb(décor des objets utilitaires, art rupestre et mobilier), il y a environ 10000 ans. On les retrouve chez les Protoberbères bovidiens du Sahara central, il y a 7000 ans (peintures corporelles et tatouages, décor des vêtements). Ils se multiplient avec les Libyens orientaux et sahariens, il y a 3500 ans. Dans tous ces groupes humains, constituant les premières étapes du peuplement berbère, du Maghreb au Sahara, on retrouve ce vieux stock de signes divers : c'est dans ce creuset iconographique, datant de la plus lointaine préhistoire, que des éléments ont pu se prêter progressivement à la mise en place d'un langage idéographique primaire (M. Hachid). Ce n'est qu'avec les Paléoberbères Garamantes que ce système s'est orienté vers une forme scripturaire pour donner les premiers caractères d'écriture, dans la seconde moitié du second millénaire avant J.-C. Les Paléoberbères, et peut-être déjà les Protoberbères bovidiens du Sahara et les protoméditerranéens du Maghreb ont donc possédé des symboles ayant valeur de véritables idéogrammes, une graphie naissante porteuse de sens et issue de leur art géométrique. Assurément, ils ont dû l'améliorer au contact d'autres systèmes d'écriture et alphabets de la Méditerranée orientale. L'art géométrique berbère, qui pourrait avoir inspiré la genèse de la graphie libyque, se conservera jusqu'à nos jours dans les arts populaires (tissage, tatouage, peintures murales, sculpture sur bois, décor de bijoux, poterie...). L'ascension de l'élite protoberbère se continue avec l'élite aristocrate paléoberbère et se traduit dans les mentalités par une sorte d'exaltation de l'aristocratie et de la noblesse guerrière. Cette société était une société de chevalerie, de courtoisie où la musique et l'importance des sentiments décrivent une civilisation de raffinement.

    Source: Afrique du nord.com

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